Premier pilier de la méthode Gordon, le "message-je" permet de s'affirmer de manière respectueuse (de soi-même et des autres)... et efficace. Il se définit par opposition au "message-tu".
En effet, lorsque notre enfant dit ou fait quelque chose qui provoque en nous des sentiments tels que la colère, la peur, la honte, ... sous le coup de l'émotion nous sommes souvent tentés de lui adresser un "message-tu" : ex : "tu es méchant, tu es vraiment irresponsable, tu ne m'écoutes jamais, tu es égoïste ... " Ces messages comportent des jugements que l'enfant peut recevoir comme un blâme, un reproche et un manque de confiance en lui. Blessé par ces messages accusateurs, il a de grandes chances de se défendre en nous accusant à son tour ("c'est même pas vrai", "toi aussi tu es méchant(e)!"), en se repliant sur lui-même ou en ignorant notre message. Quoiqu'il en soit, il y a peu de chances qu'il ait envie de tenir compte de notre remarque et de modifier de bon coeur son comportement ! Répétés, ces messages peuvent avoir des conséquences néfastes sur l'estime de soi de notre enfant et sur la qualité de notre relation.
Comment alors trouver les mots pour s'affirmer tout en préservant et même en renforçant le lien qui nous unit à notre enfant ?
En disant "je" plutôt que "tu", c'est-à-dire en parlant de soi, de ce qui nous gêne dans le comportement de l'enfant, le plus concrètement et le plus clairement possible (sans jugement, critique, accusation, ou menace de notre part).
Exemple : Mon enfant parle fort pendant que j'écoute les informations.
Message-tu : "Tu es vraiment pénible et tu n'as aucune considération pour les autres!"
Message-je : " Je suis agacée (ressenti) quand tu parles si fort pendant que j'écoute les nouvelles (comportement), je n'arrive pas à entendre ! (effet concret)"
En décrivant le comportement qui nous gêne, ce que l'on ressent face à ce comportement et l'effet concret qu'il a sur nous, nous délivrons un message clair, crédible et authentique. Nous nous adressons à ce qu'il y a de meilleur chez notre enfant : sa sensibilité, son sens des responsabilités, son intelligence et sa capacité à prendre notre bien-être en considération.
Pourquoi les "messages-tu" sont-ils alors si courants ?
Parce que ce type de message nous vient plus facilement. Comme ils n'exigent aucune conscience de soi, ils sortent de notre bouche sans difficulté, plaçant la responsabilité de nos sentiments sur les autres (...)
En outre, les "messages-tu" :
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véhiculent un manque de respect pour les besoins de l'autre personne
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font que les enfants se sentent coupables, rabaissés, critiqués, blessés
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peuvent inciter l'enfant à se venger et à nous rabaisser
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entrainent des querelles destructrices ou un échange d'injures
(Extrait du livre "éduquer sans punir" de Thomas Gordon - Marabout)
A l'inverse d'un "message-tu" qui peut générer de la rancoeur et de la résistance, la force d'un "message-je" clair et sincère est de susciter des réactions positives chez les enfants en leur donnant notamment la possibilité de prendre une initiative et de modifier leur comportement par considération pour nos besoins.
Décrire les faits, rien que les faits !
«Lors des ateliers, les parents s'entrainent, dans chaque situation conflictuelle, à décrire les faits et les comportements de l'enfant (ce qu'il dit et fait) sans jugement ni interprétation. Ainsi "tu as encore été méchant avec ta sœur" est remplacé par exemple par "Chloé jouait avec son ourson bleu et tu lui as pris des mains". S'en tenir strictement à ce que l'on observe permet d'éviter les jugements et les interprétations parfois blessantes, culpabilisantes et injustes qui peuvent provoquer de vives réactions chez les enfants et même renforcer le comportement que l'on aimerait voir changer. Se concentrer sur les faits à un moment bien précis permet en outre d'éviter les généralités et les exagérations. En effet, si je dis "tu laisses toujours tes chaussures au milieu du passage", je ne suis plus dans la simple observation ici et maintenant et j'ai plus de chances de provoquer une réaction de défense ("c'est même pas vrai, je les avais rangées hier!"), un haussement d'épaule ou une franche indifférence, que de susciter une sincère envie de coopérer. Avez-vous remarqué comme ils sortent spontanément de notre bouche ces petits mots comme rien, tout, toujours, jamais, encore, lorsque nous sommes exaspérés par des comportements récurrents et qu'aucun de nos messages ne semble avoir d'effet ? En réalité s'ils soulignent notre agacement et font généralement réagir la personne à qui ils s'adressent, ils produisent rarement l'effet désiré, quand ils ne produisent pas l’effet inverse !
Céline, maman de 2 enfants témoigne...
"La photo objective d'une situation qui me dérange comme des chaussures en plein milieu du passage par exemple marche aussi très bien, plutôt qu'un très récurrent "range tes chaussures !" qui n'a aucun effet, je décris ce que je vois à la personne concernée qui trouve d'elle-même la solution à mon problème ! Du coup l'enfant n'obéit pas à un ordre, il résout le problème de son interlocuteur, ce qui le rend acteur, autonome, responsable ! Et l'action se poursuit dans la durée, il devient plus attentif à ranger ses affaires "
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Sur le long terme, les expressions qui accusent et généralisent ("tu n'écoutes jamais, tu ne comprends rien, tu n'en fais qu'à tête...") s'enregistrent dans le subconscient de l'enfant, nuisent à son image de lui-même et peuvent l'enfermer dans les comportements qui lui sont reprochés. Si cela ne fait pas tout, s'en tenir aux faits est donc un premier pas essentiel vers la non violence. Comme en témoigne l'expérience positive de Céline, dans certains cas et en particulier avec les enfants, une simple description peut s'avérer tout aussi, voire plus efficace, qu'un "message-je"!
Savoir dire ce qui nous gêne (et même ce qui nous réjouit !), exprimer
nos émotions, identifier et dire nos besoins, en d'autres termes, oser nous
affirmer tout en préservant et en enrichissant nos relations est un savoir être
qui s'apprend et qui se cultive tout ou long de notre vie...
Livres sur le Message-je...
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"Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)"
Marshall B. Rosenberg - 259 pages - 2004 © Editions La Découverte
Toutes les clés pour retrouver authenticité, lucidité et harmonie dans ses relations se trouvent dans le processus de Communication Non Violente développé par Marshall Rosenberg. Un processus d'une remarquable puissance. Chaque fois que je lis "les mots sont des fenêtres", je me sens remplie de bienveillance pour moi-même et pour mon prochain et pleine d'optimisme pour l'humanité...Voilà pourquoi je garde toujours ce livre à proximité de ma table de nuit !
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"Cessez d'être gentil, soyez vrai !"
Thomas d'Ansembourg - 249 pages - 2001 © Les Editions de l'Homme
La Communication Non Violente vue sous l'angle du thérapeute Thomas d'Ansembourg... un livre, drôle, pertinant, percutant, étonnant et tellement vrai. Une invitation à tomber les masques et à renouer avec soi-même et avec les autres... Une lecture réjouissante !
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"Relations efficaces"
Thomas Gordon - 224 pages - 2011 © Editions Marabout
Construire et maintenir de bonnes relations avec les personnes qui nous entourent (proches et moins proches). Tel est le sujet de ce livre, et ce toujours à l'aide des outils de communication développés par Thomas Gordon.
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